4               En pratique

 Les modalités de formation en psychophonie sont expliquées en annexe n° 2.

4.1       La séance de chant prénatal

4.1.1       Les premières séances

Marie-Louise AUCHER décrit ses premières séances de chant prénatal dans ses ouvrages. Elle commence par des vocalises qui ont pour but de :

-         diriger le souffle,

-         assouplir le bassin,

-         fortifier les reins,

-         allumer les postes d’amplifications sonores : tête, poitrine, ventre,

-         ranimer l’énergie ou la pacifier.

Elle poursuit par un travail de pose de la voix de la mère qui va imprégner le fœtus toute la grossesse.

Puis elle passe aux chansons et aux balancements qui se font d’abord comme une marche lors des berceuses. Elle fait cette remarque que « c’est pour cette raison que les enfants aiment la berceuse, puisque la marche berce l’enfant pendant neuf mois(6) ».

Elle compose elle-même un bon nombre de chants pour la grossesse et l’enfantement.


4.1.2      Aujourd’hui

Au cours de deux semaines de stage à options à Paris, il nous a été possible d’assister à une dizaine de séances de chant prénatal animées par :

-         Mme Annie DESSERTENNE, surveillante-chef, à la Maternité de LAGNY-SUR-MARNE,

-         Mme Christine KRAUTTER, sage-femme libérale, à la Maternité des Lilas à PARIS,

-         Mme Sylvie NICOT, sage-femme libérale, dans son cabinet à MONTIGNY LE BRETONNEUX,

-         Mme Marie-Laure POTEL, musicienne, à la Maternité des Métallurgistes à PARIS,

-         Mme Chantal VERDIERE, sage-femme libérale, dans son atelier passage G. Didelot à PARIS.

Annie DESSERTENNE explique que le schéma des séances a été appris pendant la formation qu’elle a suivie avec Chantal VERDIERE :

- réveil osseux,

- vocalises d’abord aiguës (pour ne pas se faire mal)

- puis Mme VERDIERE propose des chansons en rapport avec les vocalises, elle passe après aux vocalises dans le grave et aux chansons dans la même hauteur.

La séance se termine par éventuellement un travail du dos -qui à été jugé plus efficace que la kinésithérapie par certaines participantes-,  il peut aider à la dilatation, à la stimulation de la sécrétion lactée.

Les séances proposées par les animateurs de chant prénatal durent 1h30 en moyenne et peuvent avoir lieu en atelier comme en maternité. Elles se pratiquent en cours individuel ou en groupe, entre femmes enceintes uniquement ou entre gestantes et jeunes accouchées lorsque sont groupés chants prénatal et post-natal. Les futurs pères sont toujours les bienvenus.

Dans la plupart des cas, ces séances ne sont pas remboursées par la Sécurité Sociale dans le cadre des huit cours de préparation à la naissance pris en charge. Il s’agit d’une démarche volontaire qui ne limite pas le nombre des cours car il est conseillé de commencer le chant prénatal le plus tôt possible pendant la grossesse et de le poursuivre assidûment jusqu’au terme de la grossesse.

Tous les cours ne sont pas accompagnés d’un instrument. En effet, s’il présente l’avantage de dynamiser le chant mais permet difficilement les changements de tonalités afin de s’adapter à la tessiture des participantes.

Enfin, les groupes sont constitués de femmes dont les termes de grossesses peuvent être très différents, là également, cette attitude a été choisie par le Collège de Psychophonie afin que les femmes dont la grossesse est plus avancée que celle d’une autre puissent témoigner des progrès et des acquisitions réalisées au fil des semaines de chant.

Ceci permet également aux femmes enceintes de se rendre compte de la nécessité de se préparer à l’accouchement, elles et leur mari, et que le chant peut les y aider.

 

*   Présentation

Toute séance de chant prénatal commence par une présentation de chaque participant afin de mettre à l’aise les nouveaux arrivants et lever la crispation mentale. Pour ces derniers, l’animateur précisera que le chant prénatal est un travail sur le ressenti et le travail du corps plutôt que de beaux sons.

D’autre part cette préparation à la naissance n’est pas présentée comme une alternative à l’analgésie péridurale mais comme une participation active de la femme et de son conjoint à la grossesse et l’accouchement.

*   L’éveil osseux et le travail du dos

L’éveil osseux consiste à allumer les postes d’amplification sonore qui sont : la tête, la poitrine et le ventre.

D’abord, on intensifie la respiration olfactive par de légers tapotements du bout des doigts sur les parties osseuses du visage : le front tout d’abord, puis en descendant sur les tempes, les pommettes. Au niveau du nez, on passe à une narine puis l’autre avec le plat de l’index. Des sensations de chaleur et d’ouverture apparaissent en forme d’éventail sur le haut du visage.

On masse le creux des maxillaires en ouvrant la bouche afin de tonifier et détendre la mâchoire pour permettre une meilleure articulation. La sensation de chaleur s’étend à tout le visage qui est alors plus réceptif aux vibrations

Puis la cage thoracique est préparée à son rôle de caisse de résonance : la nuque est massée, chauffée, jamais frappée, les cervicales étant trop sensibles. Le tapotement est repris en avant et en arrière sur les épaules et le torse.

Pour finir l’éveil osseux, celles qui le désirent peuvent faire plusieurs petits sauts en détendant le plus possible le haut du corps, ceci afin de dynamiser l’équilibre corporel. Les pieds peuvent également être massés pour renforcer la sensation d’enracinement par les pieds.

Ces exercices ont pour but de décontracter le chanteur musculairement, nerveusement et mentalement grâce à la mise en jeu des différentes zones corporelles souvent bloquées. Le massage de ces zones entraîne une décharge des tensions nerveuses qui permet une réceptivité aux vibrations plus importante.

 Le chanteur est détendu, dynamisé. Ce travail est intéressant après l’accouchement, période où la fatigue est importante, car il va tonifier la jeune accouchée.

Pour le travail du dos qui peut se faire en début comme en fin de séance, chaque vertèbre est éveillée à la vibration par des tapotements réalisés par une tierce personne depuis le sacrum en remontant jusque la première vertèbre dorsale. Ainsi c’est tout le corps qui est préparé à recevoir les sons et déchargé de ses tensions. Pour une femme en fin de grossesse, il est conseillé d’insister particulièrement sur le bassin qui a besoin d’être tonifié et détendu. Pour une jeune accouchée, on s’éloigne de la colonne vertébrale à partir des 6èmes, 7èmes vertèbres dorsales pour remonter vers les épaules afin de stimuler la sécrétion lactée.

Enfin, toujours sur la colonne, la gamme de Do 3 est chantée, la bouche à quelques centimètres des vertèbres en commençant par le Do 3 au niveau du sacrum et en montant la gamme sur les vertèbres pour arriver au Do 4 à la première vertèbre dorsale.

Après le travail de décontraction, le corps est en équilibre dans une posture adéquate : le chanteur se tient debout, les bras le long du corps, décontracté mais tonique. Le thorax est libéré et le creux lombaire compensé par une légère bascule du bassin prévenant le durcissement du diaphragme. L’élève se sent parfaitement stable, il va alors pouvoir chanter en harmonie avec son corps.

*   Le souffle

L’air est le matériau de la voix, la respiration lui donne les qualités nécessaires de force, de longueur et de pression. Maîtriser son souffle permet alors :

- de maintenir le larynx bas avec les cordes vocales tendues, ce qui amplifie le mouvement des ces dernières et leur évite bien des traumatismes,

-  de chanter les notes aiguës et de les chanter justes qui plus est.

La respiration est un phénomène souvent attribué à la zone thoracique alors qu’elle intéresse tout le corps. Par différents exercices décomposant cette respiration, la préparation psychophonique permet une prise de conscience des différents « étages » concernés.

La respiration olfactive ou cérébrale : nous l’utilisons pour humer un parfum impliquant la fonction olfactive. Elle amène l’ouverture du nez, du voile du palais, prépare les résonateurs et a un effet relaxant. Elle permet :

-         d’éveiller les sensations du masque et d’en activer les résonances,

-         de stimuler les facultés du rhinencéphale –mémoire olfactive et affective,

-         d’améliorer l’oxygénation par filtrage nasal,

-         de réchauffer l’air inspiré,

-         d’activer l’irrigation nerveuse et sanguine interne de la face,

-         de stimuler le point de départ du Vaisseau Gouverneur –équilibre psychosomatique.

Elle commence sur la lèvre supérieure et s’achève environ 2 cm au-dessus des yeux, au milieu du front.

La respiration thoracique : c’est la plus spontanée chez la femme enceinte.

Après son passage au niveau de la tête l’air pénètre dans les poumons. L’inspiration, simultanée et indissociable de la respiration olfactive, fait intervenir le gril costal qui se soulève. A ce moment les épaules ne doivent pas se relever et les côtes doivent se mouvoir en largeur et non en hauteur afin d’éviter les tensions du cou. L’inspire procure peu d’air mais suffisamment pour que la femme en fin de grossesse se sente à l’aise. De plus, lors de l’allaitement cette respiration va lutter contre l’affaissement thoracique et tonifier cette zone corporelle.

La respiration abdominale : c’est la plus ample, la plus profonde, la plus détendante et la plus rapide. Elle fait intervenir toute la zone corporelle comprise entre le diaphragme et le périnée, ce qui correspond à la zone de résonance des sons graves. L’inspiration fait se relâcher et se gonfler l’abdomen en douceur, repoussant légèrement les viscères vers le bas et permettant l’abaissement du diaphragme, ce qui aspire l’air à la base des poumons.

L’expiration est provoquée par les muscles abdominaux qui se contractent pour obtenir une vidange pulmonaire maximum. Lorsque cette contraction est associée à la bascule du bassin, il est plus aisé de tenir de longues phrases ou d’atteindre des notes aiguës. De plus, la descente dans les graves procure une décontraction réflexe qu’apprécient les femmes enceintes sujettes à des contractions utérines intempestives. Enfin cette respiration est utilisée pour obtenir force et durée du son, l’abdomen étant le lieu symbole de la force vitale, d’où partent les sentiments de peur et de confiance mais elle procure également une détente nerveuse, car elle relaxe le plexus solaire, lieu de contractions émotives

La respiration costale basse : il s’agit d’une respiration en largeur au niveau des côtes flottantes par étirement et assouplissement des attaches du diaphragme. Elle fournit une réserve d’air appréciable, notamment pour les femmes enceintes, localisée dans la partie postéro-inférieure du thorax et peut être couplée à la respiration abdominale : respiration costo-abdominale. La voix acquiert alors plus d’ampleur, de souplesse, d’expression et de puissance sans tension laryngée.

Par la coordination de ces respirations dans la détente et la souplesse, la femme acquiert progressivement une meilleure maîtrise d’elle-même, tant sur le plan vocal que sur les plans affectif, cérébral, viscéral et sexuel.


*   Les vocalises

Toujours dans le but d’élever l’Homme à la conscience et à la maîtrise de son corps et de son esprit, la psychophonie propose un travail par le Verbe Créateur, le chant conscient. En effet les vocalises pratiquées en préparation psychophonique supposent une attitude attentive à l’identification des points sans quoi elles seront inefficaces. Ce travail est facilité par les sentiments mis en jeu dans de nombreuses vocalises appelées onomatopées qui vont permettre au chanteur d’accéder aux points de vibration par l’émotion restituée. Ces vocalises qui ont un large éventail d’utilisations, furent créées, pour la plupart, par Marie-Louise AUCHER S’y ajoutent fréquemment celles de l’animatrice qu’un travail personnel lui a permis d’apporter.

Notons que les points de force de la phonation peuvent être utilisés comme points de force de l’accouchement, de même que la vibration interne peut être un puissant instrument d’auto-analgésie. Un travail régulier durant la grossesse, peut  par la maîtrise du souffle, la connaissance des points de vibration ainsi que leurs effets que la femme acquiert progressivement, avoir un impact très important sur l’accouchement. C’est l’un des axes de travail de la Sage-femme Elisa BENASSI, praticienne en psychophonie, qui intitule sa recherche sur la  préparation psychophonique à l’accouchement en milieu hospitalier : « une révolution copernicienne  ».

Durant la séance, on travaille d’abord les points des zones supérieures du corps qui sont sensibles aux aigus pour progressivement faire vibrer les points du chanteur situés plus bas, mais l’animateur reste libre de ses choix pour s’adapter à la progression du chanteur. Voici quelques exemples :

L’étage végétatif : il réunit les points 1, 7, 12 et 13. On pourra stimuler les harmoniques aigus au point 1 par « Miame » qui met en éveil les appareils gustatif et olfactif. Pour cela le chanteur devra faire appel à ses images mentales et imaginer qu’il déguste quelque chose de délicieux, ce qui va provoquer une salivation et tonifier les lèvres, la langue et les joues. Le mot est répété sur un seul souffle en montant puis en descendant une demi-gamme.

« omné-a himme » : points n°1 et 2, on sent la vibration de tête en montant la vocalise et thoracique en la descendant. Ces vibrations peuvent être constatées par une personne plaçant ses mains sur le front et le thorax du chanteur.

L’étage affectif : les points 2, 5, 8 et 6 s’y trouvent. La descente chromatique de « Yomme » permet une identification des vibrations thoraciques (point 2) ainsi que l’enracinement des pieds dans le sol, ce qui opère un recentrage de l’individu.

Le point 5 qui correspond au diaphragme peut être travaillé de nombreuses façons : détaché par la Vocalise de l’étonnement, piqué par celle de la surprise, attaqué par celle de l’indignation, et rebondissant par la Vocalise de la joie, la plus utilisée. Cette dernière est utile lorsque l’envie de pousser se fait sentir alors que le col n’est pas à dilatation complète car le diaphragme est placé haut alors, permettant à la présentation d’appliquer moins fort sur le rectum.

Le souffle est maîtrisé et le diaphragme identifié par les femmes.

L’étage végétatif et sexuel : points 3 et 4

Ce sont les points qui sont travaillés avec la bascule du bassin, souvent associés à d’autres points comme la vocalise de la plainte qui fait vibrer les points 3 et 5, abdominaux et diaphragme.

 « Iome » : sons graves permettant de soulager la douleur des contractions, cette vocalise est abordée en cours avec plus d’explications que les autres afin de motiver les femmes à l’utiliser. Il permet une prise de conscience du périnée mais surtout pour les multipares. Le docteur Bernadette de Gasquet conseille d’utiliser ces sons pour l’accouchement « c’est très efficace contre la peur et la douleur. Les sons sortent alors tout seuls, et à l’intensité, la puissance, la tonalité, on peut suivre la progression du travail, car ils reflètent ce qui se passe à l’intérieur.(3) »

Pour la poussée, la vocalise utilisée est : « Ho hisse et ho ». Les mots choisis sont ceux utilisés de tout temps pour un effort bref et physique. Le premier Ho est grave et constitue le point d’appuie pour lancer la deuxième syllabe, aiguë sur laquelle la femme va basculer le bassin et abaisser son diaphragme en contractant les muscles de la sangle abdominale et permettre ainsi la progression de la présentation dans la filière génitale.

Les autres points sont travaillés en association à divers points et d’autres vocalises permettent d’aborder les consonnes –« Ma me mi mo mu »-, tous les points en même temps –Vocalise de l’indifférence.

Ces exercices doivent faire l’objet d’attentions de la part de la personne qualifiée afin qu’elle puisse diriger et corriger le travail de pose de voix, en aucun cas ils ne peuvent faire l’objet d’une pratique individuelle sans professeur.

*   Les chansons

Marie-Louise AUCHER a tout d’abord puisé dans le répertoire folklorique traditionnel du chanteur contenant les structures culturelles propres à chaque pays et à sa langue. Le chanteur est ressourcé par cette énergie originelle des chants appartenant à la mémoire collective, d’autant que leur structure souvent simple permet une assimilation rapide et complète.

Puis elle a composé des chansons plus centrées sur la grossesse et le vécu des parents qui sont un lien de communication avec le bébé. Cette empreinte affective reçue in utero le prépare à mieux vivre les évènements de sa vie future.

Enfin, au fil des années, des chansons populaires et variées se sont greffées à ce répertoire. Comme l’explique Mme DESSERTENNE : « Le choix des chants évolue, il faut que la femme se sente bien quand elle les chante(10). »

Lors de la séance les chants sont repris deux à trois fois afin de les mémoriser, la femme repart chez elle avec les paroles des chansons. Les partitions sont rarement données car le fait de chanter la partition empêche de faire appel à sa mémoire sensorielle, ainsi le chanteur sera moins attentif au ressenti et le travail moins efficace.

*   Les postures

Le Collège de Psychophonie s’oriente actuellement vers un approfondissement du travail corporel compatible avec la grossesse. Les animateurs, depuis quelques années dans leur ateliers, explorent différentes postures avec la voix, différents points d’appuis et de résonance sont mobilisés.

De nombreux aspects positifs se dégagent de ces expériences :

-         la construction de l’axe vertical s’affine,

-         l’espace intérieur s’élargit,

-         le chemin du souffle devient plus conscient.

Les voix deviennent alors plus chaudes, profondes et homogènes.

Au cours d’une même séance, on alternera le travail au sol, adossé au mur, accroupi, assis, debout afin d’éviter certains problèmes circulatoires, affaissement du thorax ou fatigue lombaire.

  Quelques postures sont données en exemple en annexe n° 3.

4.2     Effets du chant prénatal

Nous avons pris connaissance plus haut de tout ce que la physiologie du chant pouvait apporter à la femme enceinte, mais le chant prénatal revêt d’autre aspects que la simple technique vocale, comme nous l’avons vu. Les effets bénéfiques du chant prénatal sont de plus en plus mis en évidence par des réflexions, des témoignages. Il s’en dégage de nombreux points positifs.

Premier point, le bien-être :«  La détente qu’amène le chant psychophonique, les exercices de souffle sur des sons conjoints, la pratique des sons graves qui ouvrent le bassin, recentrent beaucoup les femmes. […] Avec les expressions spontanées, les vocalises plus extériorisées et montant dans l’aigu qui rechargent et euphorisent, elles s’autorisent à exprimer des sentiments, des émotions jusqu’alors contenues. Elles retrouvent leur confiance et leur vitalité(11). »

Second point, « la communication avec le bébé dès les premiers mois de la grossesse. Cela passe par le développement d’une qualité d’écoute, de conscience corporelle, de respiration, de mise en vibration de tout le corps. Elles apprivoisent peu à peu dans leur corps et dans leur esprit qu’elles sont en train de devenir mère. Les paroles de chansons prénatales les disposent à ressentir et exprimer leur vécu qui n’est pas forcément tout rose(11). »

Enfin, le renforcement du lien social est un aspect dont nous mesurons seulement  l’importance. Les animateurs doivent alors trouver un équilibre « entre la parole qui libère exprime notre identité ou nos doutes et nos questions, et le chant qui recentre, recharge, libère aussi les émotions et développe la conscience de soi(11). »

Le Docteur Samira BEN HADJ YAHIA(12), gynécologue-obstétricienne replace la démarche psychophonique dans la préparation à l’accouchement. Elle remarque que malgré les progrès considérables en ce qui concerne la sécurité de la mère et de l’enfant, le nombre des consultations en urgence pour douleur est en perpétuelle augmentation.

-         Douleurs symptomatiques traduisant une insatisfaction non exprimée verbalement mais par des maux.

-         Douleur nécessitant plus écoute et parole qu’un traitement physique.

-         Souffrance asymptomatique que le moindre geste médical suffit à apaiser mais pour peu de temps le plus souvent.

Le chant prénatal, préparation psychophonique à l’accouchement se veut une réponse à cette demande diffuse qui trouve rarement ses mots. Il donne les moyens à la femme enceinte d’utiliser ses ressources personnelles qui lui permettront ainsi de gérer les douleurs de la grossesse comme celles de l’accouchement et l’anxiété, ce grâce au chant et à la relaxation.

Le Docteur BEN HADJ YAHIA  fait d’autres observations :

-au niveau du bassin, les vibrations sonores permettent la stimulation des fibres non nociceptives qui vont transmettre rapidement l’information et bloquer la transmission de la douleur.

-Au niveau du cerveau, les vibrations sonores augmentent la sécrétion d’endorphines : neuromédiateurs inhibant la douleur et produisant une sensation de bien-être.

-Tout au long de la grossesse, le travail psychophonique va permettre à la femme de prendre particulièrement conscience de son  corps.

La préparation psychophonique permet donc à la parturiente de prendre en charge sa douleur dans l’accouchement, mais également d’être actrice de ce dernier. « Ainsi cette préparation n’est-elle pas présentée seulement comme une alternative aux autres méthodes analgésiques. Elle n’est pas non plus une thérapie de type comportementaliste pour faire face à l’angoisse. Elle est un recentrage de l’individu sur lui-même pour lui permettre de retrouver son unité(12). »

C’est en retrouvant la maîtrise de son accouchement que la femme enceinte va acquérir assurance, et estime d’elle-même et se réappropriera sa maternité. Elle abordera son rôle de mère dans la confiance et la sérénité, guidée par le lien qui s’est créé entre elle et son enfant par le dialogue durant neuf mois. 

 

 

 

 

 

(6) AUCHER Marie-Louise, Vivre sur sept octaves, Op.cit. – p. 113.

(3) Dr DE GASQUET Bernadette, Bien-être et maternité. op. cit. – p. 33.

(10) Entretien

(11)  DURIEUX Annie, Compte-rendu Rencontre 2 et 3 mars 2001 Harmonie par le chant, Bulletin du Collège de Psychophonie Marie-Louise AUCHER, Juin 2001, N°12, p.1, 2.

(11) DURIEUX Annie, ibid

(12) Docteur BEN HADJ YAHIA Samira, La Psychophonie dans la préparation à l’accouchement, Bulletin du Collège de Psychophonie Marie-Louise AUCHER, juin 2000, N°10, p.1-2.

(12) Docteur BEN HADJ YAHIA Samira, ibid.